Arrivée au Botswana

Après avoir tant observé mes amis himbas, me voici dans un décor tellement différent où le touriste occidental est roi.

A l’écart de cette population, je pensais que ce serait avec eux que j’aurai à interagir, au gré des groupes curieux de voir un gars tout seul se faire un feu, lire, écrire et partir en velo. C’est arrivé, mais de manière exceptionnelle.

En fait, à force de rester, j’ai découvert une nouvelle population que je n’avais tout simplement pas vu : tous ces locaux au service des groupes qui passent.

Ils font les courses, ils préparent à manger, ils conduisent, ils font tous ces petits travaux qui font que votre voyage se passe bien et que vous oubliez les contraintes de la vie.

Mais voilà, ce sont les mêmes pour tous les groupes et au fur et à mesure que les bus s’enchaînent je commence à m’apercevoir qu’il y a des inchangés, ces gens qui restent et qui attendent le bus suivant.

Le premier qui a attiré mon attention est Edwil. Les jours passant, j’ai découvert qu’il dormait dans sa voiture. Le matin à mon réveil, il est déjà assis sur sa chaise, sans livre, sans rien. Il semble attendre. Mon petit déjeuner passe, puis mon repas. Je pars en velo, je reviens. Il est toujours sur sa chaise. Je commence a me poser de sérieuses questions sur ce qu’il mange.

Un matin, je mets un peu plus d’eau dans la casserole que d’habitude. Quand elle commence à bouillir, je me lève et va lui dire bonjour. Il est du Zimbabwe et vit à Victoria Falls. Il parle de son groupe qui arrive mais surtout de son vrai travail : pompier. Pendant la haute saison touristique, il vient aider à l’organisation des tours. Il va rester presque deux mois loin de sa famille.

On parle des techniques pour éteindre un feu ici. L’eau ? Non, évidemment. On parle des différences entre les techniques du Zimbabwe et du Botswana. Le premier essaie de conserver la faune alors que l’autre se moque des conséquences du feu. Il me donne des trucs et astuces pour conduire au Zim et ailleurs. Il m’explique que certains pays s’effondrent économiquement, que les monnaies ne valent plus rien. Connaissant les problèmes du Zimbabwe, je n’ose pas faire de lien avec son pays, je sais que la censure à des effets que nous avons du mal à imaginer.

On finira autour d’un café, et puis avec un croissant entre les mains. Les jours passent et maintenant lorsque l’un s’absente il viendra donner son programme à l’autre. Ce soir il vient me voir et me dit « Tu pars à quelle heure demain ? Mince, je ne serai pas rentré des courses. » L’observation a parfois des effets inattendus.

Et puis il y a Richard, le gardien de nuit dont je m’apercevrai que dès que je vais me coucher, il vient squatter mes belles braises et passe la nuit au bord de mon feu. Je m’en suis aperçu le matin où j’ai trouvé mes braises encore fumantes.

Et puis il y a les femmes du camping, et une guide qui vient me parler de ses touristes comme si j’étais un local : « Tu te rends compte qu’un jour j’ai acheté pour 13 000 pulas (1 200€) et ils ont tout mangé en un repas ! Ils sont pas comme nous. »

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