[épisode 8] Qui a la meilleure hygiène (ou la fin des a priori) ?

Pieds de Katungula

Le respect s’exprime de nombreuses manières, dont certaines m’étaient insoupçonnées. L’hygiène est en une. Habitué à me coucher propre, je me suis construit dès le premier jour, une sorte de salle d’eau derrière ma hutte. Avec quelques piquets de mopane, l’arbre le plus résistant du bush, j’ai tendu des bâches en plastique noir entre lesquelles j’ai placé un sac d’eau avec

une pomme de douche. A coté, des toilettes chimiques à produits biodégradables me permettent de garder une hygiène compatible avec mes normes occidentales. J’ai donc pris le rythme quotidien d’aller chercher mes seize litres d’eau pour boire, me doucher, faire ma vaisselle et me laver les mains.

N’oublions pas que les femmes n’utilisent pas l’eau pour se laver, que le savon n’existe pas, pas plus que le papier toilettes. Malgré mon état d’esprit le plus ouvert possible, je garde tout de même en tête que je suis l’exemple de propreté du village.

J’ai pourtant été remis à ma place à deux reprises. A nouveau sous notre arbre l’après-midi, un courant d’air me fait me moucher dans un mouchoir, que je plie dans ma poche de pantalon. Les enfants me regardent fixement avec dégoût, jusqu’à ce que Mémé se sente obligé de leur taper sur l’épaule pour leur demander le respect. Quelques jours plus tard, on parle de circoncision. On me demande si je le suis. Ma réponse négative provoque la répulsion. Le geste est pour eux un acte évident d’hygiène.

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