Sœur Lucia dédit sa vie à l’intégration des enfants dans un pays aux communautés multiples 

Sœur Lucia est née dans la région de Kavango, au nord est de la Namibie, faisant la frontière entre l’Angola, le Botswana et le Zimbabwe. 

De parents angolais elle n’a connu que la pauvreté et l’ostracisme d’un pays qui ne la reconnaissait pas malgré son puzzle d’ethnies, de cultures et de traditions. 

Les morts successives de son père et d’un de ses frères l’ont conduit vers l’église. Aujourd’hui elle est sœur bénédictine dans le petit village d’Oshifo après avoir été envoyé au Kenya, aux Philippines, et un peu partout où son eglise avait besoin d’elle. 

Je l’ai rencontré un matin de janvier, peu après Noël quand elle faisait le tour des villages perdus dans la montagne. À son arrivée dans mon village, accompagnée de trois autres sœurs, Mémé m’appelle pour me dire de venir m’assoir à côté d’elle. Depuis mon retour Mémé aime à dire que je suis son fils aux personnes que l’on croise. Ca ne manque pas, les quatre sœur viennent vers moi et le disent « c’est ta mère ? »  

Dans un anglais impeccable nous échangeons les raisons de nos présences respectives. Non, je ne fais pas de recherche. Non, je ne suis pas ici pour faire du business. Oui, je partage simplement le quotidien et l’intimité de cette famille. Et heu… oui, c’est pas habituel en Namibie mais chez moi non plus. 

Je suis alors invité à leur rendre visite. Quelques semaines plus tard, Je me retrouve donc au couvent à partager un repas sous leurs regards amusés de me voir manger des épis de maïs sans ronchonner. 

Blessée dans sa jeunesse par la discrimination Sœur Lucia est heureuse de me présenter l’école qu elle dirige. C’est une petite maternelle ouverte à tous. Pas de sélection à l’entrée, quelque soit l’ethnie où le niveau de pauvreté. Les uniformes sont achetés par l’école. Tous les cours sont en anglais à cause de la trop grande diversité culturelle. 

J’ai visité de nombreuses écoles dans ce pays et je n’ai jamais vu un établissement aussi bien tenu. Malgré des moyens très réduits, les soeurs donnent un cadre digne pour l’éducation jugée prioritaire dans un pays où la formation des jeunes reste encore un sujet difficile. 

Après deux heures de cours, c’est la pause  repas pour tous les enfants. On commence par l’hygiène de se laver les mains. Ceux qui n’ont pas eu de gamelle donné par les parents se voient distribuer un peu de porridge de millet cultivé dans le champs touchant le couvent. 

L’ambiance est joyeuse mais respectueuse. La discipline est autant présente que la bonne humeur. 
Les soeurs travaillent à créer une extension. Après la maternelle elles aimeraient créer une école primaire. Le projet est ambitieux. Il faut des matériaux de construction, de la main d’œuvre et ensuite trouver les enseignants. Pour avoir donné des cours quelques semaines dans une école voisine je me rends compte que le défi est aussi beau que grand. 

Bien que plutôt distant de toute religion je ne peux qu’être touché par autant de dévotion et de sourires et empli d’un profond respect. 

Laisser un commentaire