Les premières semaines, j’expérimente ce qu’est la place d’un étranger et je perçois la méfiance de la population locale. Je suis soupçonné d’espionnage et de pédophilie. A peine réveillé après ma première nuit, deux policiers viennent me chercher et m’amènent au poste. J’y reste une demi journée, à répondre à des questions très personnelles du genre «pourquoi n’êtes vous pas marié ?», «quel âge attendez-vous pour avoir des enfants ?», «quelle est votre religion ?», je suis relâché et on m’explique que tout cela était simplement pour faire
connaissance. Sur le coup je retiens surtout que ces réponses sont archivées dans un rapport. Lorsque j’indique que ce genre de questions est interdit dans mon pays, on me répond que lorsqu’on est policier, on a tous les droits. Ma conscience citoyenne grandit ce jour-là. J’avais pourtant prévenu toutes les autorités traditionnelles et gouvernementales de ma présence sur les lieux. Ces policiers ont tout de même fait deux heures de route pour venir me chercher.