Warimisa doit flirter avec les dix huit ans. Il est très vite devenu mon frère dans le village. On partage l’amour de la nature, du calme et des animaux. Il m’a emmené faire paitre les chèvres dans la montagne. Sur le chemin il m’a souvent fait faire un détour pour nous assoir devant un point de vue magnifique. Un jour, nous sommes restés une heure sans rien dire face aux montagnes angolaises. Un autre, c’était pour observer un troupeau de babouins. Après plusieurs mois je lui ai offert un vélo pour que nous puissions parcourir ensemble la région montagneuse autour du village.
Kazehirwa est sa très proche soeur. J’ai eu beaucoup de mal à comprendre son prénom mais tout le monde l’appelle Titi. Sur sa carte d’identité c’est le très beau nom d’Ebène qui est inscrit. Pas toujours facile de s’y retrouver….
A sa coiffure, l’ozosetwa, on sait que Titi est une femme. A son gros collier, l’ovanbwena, on sait qu’elle n’a pas encore d’enfant. En fait, elle est «prête à marier» et ses parents sont en train d’évaluer les prétendants pour choisir celui qui sera apte à s’occuper de leur fille. C’est à dire gérer le bétail, la nourriture, assurer sa protection… Le mariage, appris au dernier moment par l’intéressée, est souvent vécu comme une grande joie. Les parents sont très attentifs, en tout cas dans mon village. Et si jamais ça devait mal se passer, la jeune mariée a la possibilité de revenir au village de ses parents, comme l’a fait Mokatjoia. Le divorce est également possible, avec des tensions possibles mais pas systématiques.
Titi m’a toujours réservé de très beaux sourires et des expressions particulières. Elle s’attache à m’apprendre le nom des différentes parures, très importantes dans la tradition himba. Elle s’amuse aussi de mon faible sens de l’orientation. Depuis que j’ai passé l’hémisphère sud, j’ai l’impression que j’ai perdu ma boussole interne. Par contre, j’ai appris à sentir l’odeur de l’eau, très utile dans ces contrées touchées par une désertification accélérée.