Nous sommes fin janvier 2017. Je suis revenu au village il y a plus de 8 semaines après 16 mois d’absence.
L’eau ruisselle sur le sol séché par des mois de sécheresse. L’orage est violent. Les enfants rentrés de l’école sont réfugiés dans le bashu, cette petite maison faite de tôles ondulées. Les chèvres cognent frénétiquement la construction fragile pensant se mettre à l’abris du torrent.
Chacun est occupé à colmater ses fuites. De mon coté, je sens que ma tente incarcérée dans les restes de ma hutte de 2015 flotte sur un coussin d’eau. Un petit trou sur mon sol, une inondation se prépare…
J’écope au fur et à mesure de la montée de l’eau tout en gardant un œil sur les chèvres qui prisent d’une peur panique de l’orage, essaient de monter sur ma tente. Le tissu se déchire, mes bâches se disloquent. Je comprends que je n’avais pas réellement connu la saison des pluies lors de la première visite. Heureux pour les récoltent, j’ai quand même du mal à garder mon calme. Je me surprends à combattre les chèvres avec une argne que je ne me connaissais pas encore.
La température de 45 degrés à l’ombre tombe à 20. La pluie pénètre les habits et les chaires. La fraîcheur est déroutante par rapport aux canicules des semaines passées. La fatigue accumulée des deux nuits à combattre les chèvres, renforcée par le bruit assourdissant de la pluie sur la toile ont raison de ma patience. Je décide de ne plus combattre. Je laisse faire en me disant que je réparerais après le déluge.