Les mois et les visas s’enchainent. J’arrive à la limite de ce qui est toléré par le gouvernement. Je sens la tristesse m’envahir en vue du départ. Sentiment partagé avec les villageois. On parle moins, on est pensif. On organise une fête le soir de mon départ. On me dit que ce soir on doit se coucher tard malgré les plus de mille kilomètres que je devrai parcourir seul le lendemain en voiture. On danse, on chante. Le prétendant en lice pour Titi demande à ce que l’on prie pour moi autour du feu. On se recueille. On se remercie. Je promets de revenir.
Avant de partir je veux leur montrer comment on se salue dans mon pays. Je préviens Mémé de ne pas être choquée et de me laisser faire. Je m’approche de son visage et je lui fais deux bises.
Stupéfaction ! Puis les rires fusent. Les contacts physiques sont rares chez les Himbas mais je me devais de transmettre moi aussi un peu de mes traditions.
J’ai traversé les mille kilomètres d’une traite, sans m’arrêter, à repenser à tous ces moments partagés, à cette relation inattendue et tellement riche émotionnellement.
J’en suis revenu « autre », détendu, apaisé, avec l’impression d’appartenir à un seul et même peuple, à une seule et même planète, plus vivant que jamais.