Evidemment, on n’arrive pas dans un village Himba par hasard et sans préparation. Je suis d’un relationnel très lent et je me suis même aperçu qu’ils auraient aimé que j’aille plus vite dans mon intégration. Mais je ne voulais pas les perturber et je souhaitais également trouver progressivement ma place dans le village pour être naturel et ouvert.
J’ai instinctivement utilisé trois outils. Un : le regard. Deux : le sourire. Leur force est imparable et l’effet miroir est d’une puissance insoupçonnée. Trois : mais mon arme secrète, le vélo. J’ai créé un rituel en empruntant tous les deux jours le même chemin. En m’arrêtant chez les mêmes vendeurs de nourriture de rue, en roulant au bord des mêmes champs.
Le vélo affiche ma confiance envers les autres. Ne pas être protégé par une carrosserie témoigne de ma vulnérabilité et augmente les possibilités de rencontre. Le vélo est moins ostentatoire et le déplacement silencieux ne perturbe pas le calme du bush. Au premier passage, les gens me remarquent à peine. Au deuxième, ils ont le temps de tourner la tête. Petit à petit, on s’apprivoise. On se salue et on finit par se parler. Sourires aux lèvres et aux yeux, les liens se créent et petit à petit je peux entrer dans l’intimité de leurs vies, comprendre leurs histoires et leurs rêves.