Mon état d’esprit en arrivant dans ce pays d’Afrique était le plus naïf possible. J’avais décidé de ne rien lire. Géographie, littérature, histoire ou rien. Je suis arrivé en pensant être «l’autre». Je n’ai donc jamais jugé par rapport à mes référentiels culturels. Je garde mes valeurs bien évidemment mais j’observe un mode de vie que j’estime simplement différent.
Mais il est tout de même difficile d’occulter les difficultés d’une telle expérience.
Le peuple Himba est minoritaire dans le pays. Environ dix mille individus pour une population totale d’un peu plus de deux millions. Leurs traditions, notamment l’onguent dont ils recouvrent leur corps, ne sont pas comprises par les autres ethnies. Ils sont dénigrés et jugés comme sales et inintéressants. Le terme Himba vient d’ailleurs d’un ancien mot angolais qui signifie «mendiant». Même si le terme définit aujourd’hui le peuple qui vit dans la région du grand fleuve Kunene, on rappelle souvent leurs origines avec condescendance.
Ils ne m’ont expliqué cela qu’à la fin de mon premier passage chez eux. Au début ils ne comprenaient pas pourquoi un blanc, qui avait accès à tout le confort du monde avait décidé de dormir, manger et partager leur vie. Après de nombreux mois, ils en sont arrivés à la conclusion que, finalement, ils devaient être intéressants. Après avoir craint de les déstabiliser par ma présence, je ne cache pas ma fierté d’avoir pu leur apporter ce supplément d’estime de soi.