Mutambo est certainement la jeune fille la plus intelligente que j’ai pu rencontrer. Elle a attendu près de six semaines avant de me montrer qu’elle savait parler anglais. Au départ je l’ai surprise à dire un ou deux mots. Une fois sa confiance gagnée, elle a prononcé quelques phrases jusqu’à entamer un début de discussion. Elle a été la clé de mes échanges les premiers mois, lorsque mon apprentissage de l’Otjihimba était balbutiant.
Elle m’apprend le nom des arbres, des fruits (toujours appelés «wild fruit» quel que soit le fruit…), des céréales, etc. Très expressive, elle me réserve souvent des grimaces, domaine dans lequel j’excelle également. C’est elle qui m’apprendra que je suis un enfant. Un soir, autour du feu sacré, elle me pose la question «as-tu une femme ?». Je lui réponds que je n’en ai plus. Elle me demande alors si j’ai des enfants. Je réponds que non. Elle reste pensive quelques secondes et me dit «mais tu es un enfant alors !». J’ai beaucoup appris ce soir-là de la culture himba… Et peut-être de moi-même.
Waponwa est aussi proche de Mutambo que le sont Titi et Warimisa. Très proches en terme d’âge, elles sont inséparables. Waponwa souffre de ne pas savoir parler anglais et aimerait parler davantage avec moi. Elle demande souvent à des voisins comment ils ont réussi à apprendre à parler anglais. Résultat : de superbes échanges de regards. Les plus intenses sont aussi les plus furtifs, à la lueur du feu sacré. Comme elle est de constitution plutôt fragile, j’ai dû la soigner plus d’une fois. Pour ne pas déstabiliser un équilibre que je ne maitrise pas, mon principal remède est une bouteille de Coca pour l’hydrater avec le sucre et le sel.